Burn out à cause de mon boss
Lola Pétrin


BURN-OUT À CAUSE DE MON BOSS
Des mois que je cherche un taf.
Les refus, je les essuie, les uns après les autres.
A quarante balais, pas facile de me faire embaucher.
Comme un fruit mal foutu, je suis mise en quarantaine.
Entretien d’embauche pour un poste de secrétaire.
Dans l’enthousiasme, je déballe tout sur la table.
Mon baccalauréat, mon bagout, mon sourire Ultra White.
Mon décolleté généreux, ma bonne humeur, mes jobs par ci par là.
Envers et contre tout, le poste est pour moi.
Il s’agit d’une PME dans le domaine de l’informatique.
Un job à temps plein payé au lance-pierre.
Un taf administratif pour seconder la direction.
Ni une ni deux, le boss me plonge direct dans le bain.
Une pile de dossiers à traiter, une tonne de rangement à faire.
Le standard à gérer, son café bien corsé, son caractère à supporter.
Son planning à organiser, ses courriers à classer par ordre d’importance.
Pas la moindre minute de répit, pas le moindre faux pas.
Collé non-stop à mes basques, le boss me fait la misère.
Tout ce que je fais doit être scrupuleusement conforme à ses attentes.
Tout ce que je dis doit être clairement reformulé dans un français correct.
En maître de la perfection, il ne me passe rien.
Les dossiers d’archive doivent être classés par ordre chronologique.
Ses rendez-vous clientèle doivent être parfaitement lisibles.
Mes retards de quelques minutes doivent être sérieusement justifiés.
Plus je perds en efficacité, plus il me surcharge de travail.
Plus il perd en productivité, plus je fais des heures sup à l’œil.
Mise sous pression, je fais des bourdes qui me valent un avertissement.
Pressée comme un citron, je finis par avoir les nerfs qui lâchent.
Au bout du rouleau, je me mets à chialer pour n’importe quoi.
Au plus bas de mes capacités, je n’arrive plus à grand-chose.
Dépassée par la situation, c’est avec la boule au ventre que je me rends au travail.
Epuisée à la fin de ma journée, c’est sur les rotules que je rentre chez moi.
Une fois à la maison, c’est à coup de somnifères que je trouve le sommeil.
Jusqu’à ce jour, où je me retrouve aux urgences pour une surdose de cachets.
Sauvée in extremis, j’apprends par le toubib que je fais un burnout.
Quant à mon boss, inutile de vous dire que je ne l'ai jamais recroisé.
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