L'étranger ou l'histoire d'un immigré sicilien à Marseille

homme pensif loin de la ville
homme pensif loin de la ville

L'ÉTRANGER

Je suis un orphelin, un sans patrie.

Un gars de la terre, un produit de la ville.

Marseillais d’adoption, sicilien de naissance.

Mes racines sont là-bas, ma vie est ici.

C’est chez ma tante que je crèche.

Dans les quartiers nord de Marseille.

Un logement HLM qui ne paie pas de mine.

Des débuts de mois difficiles à tous les étages.

Ici, tout le monde se fiche pas mal des lois.

Une zone de non droit comme ils disent.

Un ghetto où ça deale de jour comme de nuit.

Une zone à risques où ça tire à balles réelles.

J’habite le bâtiment D, au dixième étage.

Là-dedans, toutes sortes de locataires.

Des cultures où chacun cause sa langue.

Des communautés qui se comprennent par l’entraide.

Tout est à l’abandon avec des tags pleins les murs.

Plus grand monde qui ose foutre les pieds ici.

Ça regorge de cafards au milieu des odeurs de pisse.

Ça grouille d’asticots dans le local à poubelles.

Ma tante fait des ménages payés au smic.

Moi, peuchère, je n’trouve pas de taf.

Paraît que j’ai pas le profil pour le poste.

En gros, j’ai pas la gueule de l’emploi.

Je m’occupe avec les moyens du bord.

Je glande ici et là avec mes potes d’infortune.

Je traficote à gauche à droite pour me faire du bif.

Je me fais prendre la main dans le sac par les keufs.

De là, ma tante me fait la police.

Elle me dit d’arrêter mes conneries si je ne veux pas finir en taule.

De respecter la mémoire de mes parents.

D’être le digne représentant de ma terre d’origine.

Ah ! Ma Sicile !

Là où tout a commencé.

Là où tout s’est arrêté en un éclair.

J’y ai tant de bons souvenirs !

Ma maison de famille dans la province de Palerme.

Les paysages magnifiques à deux pas de la mer.

Les glaces à la terrasse des cafés tard dans la nuit.

Les cannolis à s’en faire péter le ventre.

Un jour, c’est sûr, je retournerai chez moi.

Sauf qu’une fois là-bas, plus rien ne sera pareil.

Certains diront : « c’est qui cet indigent ? »

D’autres renchériront : « qu’il retourne chez les siens ! »

Aux yeux des miens, je serai encore un étranger.

Un gars de la ville, un produit hybride.

Un électron libre sans attaches ni racines.

Un traître, un bâtard, un judas.

Je suis marseillais d’adoption, sicilien de naissance.

Ici ou là-bas, ça ne change rien à l’affaire !

Je suis un orphelin, un apatride, un immigré.

Je suis de nulle part.

Votre avis m'intéresse

Ebook En Ligne

Foire Aux Questions

Vous voulez en savoir plus sur le sujet ? Cliquez sur l'image

Inscription à ma newsletter
Retrouvez ce texte en Vidéo
Ma Page Facebook
lien vers ma page facebooklien vers ma page facebook
Ma Chaîne YouTube
logo de ma chaîne youtubelogo de ma chaîne youtube