Ma Voisine Est Une Sorcière
Lola Pétrin


LA FÊTE DES VOISINS !
C’est la fête des voisins.
On a sorti les sourires et les poignées de main.
Les familles se mélangent en toute insouciance.
Les tables se remplissent au gré des affinités.
Tout le monde est là au grand complet.
Y a la vioc toute ridée et son vieux bouc tout rabougri.
Un couple de retraités bien assorti.
Lui, toujours en train de ronchonner pour rien.
Un coup, affalé sur le canapé en train de zieuter la télé.
Un coup, clopin-clopant jusqu’au bistrot du coin.
Elle, amochée par les années à trimer dans les champs.
Aux petits soins pour ses deux canaris jaunes en cage.
Prête à faire chier n’importe qui en toutes circonstances.
Tantôt, à la superette du village pour faire ses emplettes.
Tantôt, derrière ses fenêtres à mater tout ce qui se passe.
Parmi les invités, ma voisine d'à côte est de la partie.
L'hiver ici, l'été au bled.
Sept gosses au compteur, un fils en moins.
Une vague histoire de course poursuite avec les flics.
Une vague histoire de trafic de shit.
Enfin, ça c’est la vieille qui le dit.
Elle dit aussi que c’est bien beau de faire des mioches.
Qu’avec les allocs, on s’en met plein les poches.
Que sa pension de retraite à elle, c’est la misère.
Que c’est toujours les mêmes qui piquent dans la caisse.
Le type de la rue d'en face est de passage.
Il vient d’emménager dans un logement social tout pourave.
Une cage à lapin où les mouches évoluent au milieu des cafards.
Il vient tout juste de sortir de tôle.
Une vague histoire d’agression à l’arme blanche.
Enfin, ça c’est la vieille qui le dit.
Elle dit aussi que ça craint de vivre à côté de ce loustic.
Qu'au lieu de bosser, Monsieur touche tranquille le RSA.
Que sa retraite à elle, c’est à peine le revenu minimum vital.
Que c’est toujours les mêmes qui piquent dans les prestations sociales.
Les langues se délient, des passants se joignent à la fête.
Ni vu ni connu, ça tape l'incruste sans la moindre gêne.
D’un côté, ceux qui se rincent le gosier à grandes gorgées..
De l’autre, ceux qui se remplissent à volonté la panse.
Partout ailleurs, les mômes qui chouravent tout ce qu’ils peuvent.
Enfin, ça c’est la vieille qui le dit.
Elle dit aussi qu'y en a marre des gosses qui traînent dans les rues.
Qu’ils feraient mieux de dormir plutôt que de traficoter la nuit.
Qu'elle craint un jour de se faire voler la pension de sa retraite.
Que c’est toujours les mêmes qui piquent dans les bas de laine.
C’est la fête des voisins, une fête qui touche à sa fin.
On a sorti les gobelets en plastique, les sodas et les chips.
Tout un tas de toasts et de mignardises traînent sur les tables.
Ça se dit : "à l'année prochaine !" en se faisant la bise de loin.
La vieille pique dans les assiettes en s'en mettant plein les poches.
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